Interview de Marine Boudeau, sous-directrice à la direction du numérique du Ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles (MTSSF)

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ITW de Marine Boudeau

Quel est votre rôle au sein de la direction du numérique du Ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles (MTSSF) ?

Je pilote une équipe d’agents qui conçoivent, déploient et font évoluer des services numériques au service des politiques publiques. Concrètement, mon rôle est de garantir que ces services soient utiles, simples d’usage et accessibles à toutes et tous, en lien direct avec les enjeux sociaux et de santé.

Quel a été votre parcours de formation/ professionnel ?

J’ai un Bac +4 en école de commerce, sans formation académique dans le numérique. Mais c’est une passion qui me suit depuis l’adolescence : j’ai appris en autodidacte, en expérimentant, en testant. J’ai commencé ma carrière aux États-Unis, où j’ai travaillé pendant 13 ans dans un contexte qui valorise avant tout les savoir-faire et la capacité à faire ses preuves, plutôt que les diplômes. Cette expérience a profondément marqué ma façon de travailler aujourd’hui. 

Comment vos expériences vous ont sensibilisée à l’accessibilité et à l’inclusion dans le numérique ?

En 2020, j’ai été nommée Haut fonctionnaire au handicap et à l’inclusion auprès de la Direction interministérielle du numérique (DINUM). Cela m’a permis de travailler très concrètement à l’accessibilité des services publics numériques : par exemple, veiller à ce qu’un usager malvoyant ou ayant des troubles cognitifs puisse utiliser les plateformes de l’Etat. J’y ai également constaté que l’accessibilité, la sécurité et la protection des données sont indissociables : on ne peut pas penser un service numérique inclusif sans ces dimensions.

Qu'est-ce qui vous a attirée vers le secteur du numérique ?

Le numérique est un formidable terrain de liberté : il permet d’imaginer, de créer, et surtout de rendre des services concrets et utiles. Ce qui m’attire, c’est cette capacité à concevoir des produits accessibles à toutes et tous, qui améliorent le quotidien.

Avez-vous rencontré des difficultés particulières en tant que femme dans votre parcours ?

Il est vrai que le numérique reste un secteur très masculin. Mais dans mon parcours, j’ai surtout rencontré du soutien et de la confiance. Les jugements que j’ai ressentis portaient davantage sur mon parcours atypique - je ne suis pas issue d’une école d’ingénieurs, contrairement à beaucoup de collègues formés aux Mines ou à Polytechnique. Finalement, cette différence est aussi devenue une force : elle me permet d’apporter une autre vision et de construire des ponts entre des mondes différents.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes femmes qui souhaitent se lancer dans une carrière dans le numérique ?

Mon conseil serait d’oser : osez postuler, même si vous n’avez pas le parcours “typique”. Entourez-vous d’un réseau de soutien, et ne doutez pas de vos compétences. Le sexisme ordinaire existe encore, mais c’est aux managers et aux organisations de prendre leurs responsabilités. Le numérique a besoin de plus de diversité, et donc de vous, pour inventer les services de demain.

Quel rôle les entreprises peuvent-elles jouer pour favoriser l'égalité des chances entre les femmes et les hommes dans le numérique ?

À la Direction du numérique, nous avons par exemple mis en place une “charte du temps” : pas de réunions avant 9h30 ni après 17h. Cela peut sembler simple, mais c’est une mesure très puissante pour permettre à chacun et chacune de trouver sa place, en conciliant vie professionnelle et personnelle. Les entreprises ont un rôle majeur à jouer sur ces sujets : en agissant sur l’organisation du travail, elles créent un environnement plus équitable et plus attractif pour toutes et tous.