Zoom sur le portrait inspirant de Laurine-Mégane Gbahe Taho

À la rencontre de Laurine-Mégane, étudiante en ingénierie Systèmes Numériques Industriels (SNI)
Laurine- Mégane Gbahe Taho est étudiante en 1ère année du cursus ingénieur spécialisé dans les Systèmes Numériques Industriels (SNI) à l’ICAM. Dans un milieu majoritairement masculin, elle a trouvé sa place et encourage les jeunes femmes à persévérer dans les études scientifiques.
À travers son interview, découvrez comment les entreprises doivent soutenir l'inclusion des femmes et briser les stéréotypes dans le numérique
Pouvez-vous expliquer en quoi consiste votre futur métier ?
Je souhaite devenir ingénieur dans le secteur de la sex-tech, un métier, encore assez tabou en France contrairement au Japon, à la Chine et aux États-Unis. Mon projet est de créer des prothèses et des objets connectés pour, par exemple, aider les personnes handicapées à s’épanouir dans leur santé et leur sexualité.
Pourquoi avez-vous choisi d’intégrer le cursus d’ingénieur SNI à l’ICAM ?
Passionnée par la santé, j’ai d’abord commencé par des études de médecine. J’ai ensuite poursuivi par une licence qui m’a donné l’occasion de découvrir l’informatique. J’ai alors validé un BTS en informatique tandis qu’à la maison je m’amusais à créer des objets connectés. Puis, j’ai entendu parler du cycle d’étude SNI. C’était l’occasion pour moi de relier mon intérêt pour la santé et celui des objets connectés.
Avez-vous rencontré des difficultés particulières en tant que femme dans ce domaine ? Si oui, comment les avez-vous surmontées ?
Quand je suis arrivée en BTS puis à l’ICAM, j’ai eu un grand choc. Avec 90% d’hommes dans ma promo, je me suis dit, il va falloir que je crée ma place. Je suis allée dans des conférences, des ateliers, des associations scientifiques où il y avait beaucoup de femmes. Fréquenter ces milieux m’a boostée et donné confiance. De plus, les professeurs sont très à l’écoute et très encourageants.
1 femme sur 5 a été découragée de poursuivre des études scientifiques. Quel message aimeriez-vous faire passer aux jeunes femmes qui hésitent à se lancer dans les études d'ingénieur ?
Je comprends tout à fait ces hésitations car les femmes reçoivent plein d’injonctions quant à leur place dans la société mais il faut être persévérante, oser aller dans des domaines où les femmes sont peu représentées et se fixer des défis. Au lycée j’avais beaucoup de difficultés en mathématiques. Aujourd’hui, j’ai beaucoup de maths appliquées, je m’accroche. Les études sont importantes pour le mental comme pour gagner son indépendance.
Pourquoi les entreprises devraient-elles recruter plus de femmes dans le numérique ?
Les femmes sont aussi capables que les hommes. De plus, comme elles doivent faire face à beaucoup d’obstacles, elles arrivent à développer une force de résilience et une créativité plus grandes que les hommes. Elles construisent leurs propres marches, là où les hommes peuvent avoir des pentes plus faciles.
Quels sont les secteurs d'activité qui recrutent des profils ingénieurs SNI ?
L’agroalimentaire, la cosmétique, l’agriculture, le BTP et en fait tous les secteurs qui ont besoin d'automatiser leur ligne de production. En ce moment par exemple, j’utilise mes compétences dans le cadre du ministère de la transition écologique qui s’est engagé dans une démarche d’automatisation de ses logiciels.
Quel rôle les entreprises peuvent-elles jouer pour favoriser l'égalité des chances entre les femmes et les hommes dans l'industrie ?
Les entreprises pourraient se déplacer dans les collèges, les lycées, les écoles d'ingénieurs et préciser aux jeunes que les femmes ne vont pas être jugées sur leur genre mais sur leurs compétences. Elles pourraient sensibiliser leurs salarié·es en interne aux questions d’égalité de salaire et de traitement. Elles pourraient aussi organiser des évènements qui mettent en avant des femmes exerçant dans le domaine scientifique. Voir des femmes épanouies dans ce secteur aiderait à faire changer les mentalités.